Tous les tags n’ont pas la même valeur. En Jamaïque, aux Etats-Unis ou en Irlande, par exemple, le graff est un message politique mais aussi une appropriation presque tribale, l’équivalent moderne du crâne sur le poteau à l’entrée du territoire de toute bons sauvages de cinéma qui se respecte. Cette notion de (re)conquête de l’espace se retrouve, de façon plus innocente et ludique, dans des œuvres telles que les Space Invaders ou les silhouettes de Miss.Tic qui ont envahit les capitales mondiales.
Depuis l’entrée des graffitis dans les musées, le mouvement a connu une autre évolution, celle de la pure expression artistique. Il s’agit moins maintenant de communiquer sa révolte que se faire connaître, en gardant (illégalité oblige) une certaine aura de mystère et d’anonymat : les signatures sont rarement lisibles, et donnent encore plus rarement les noms réels des artistes. Le problème, dans ces cas-là, est que tout le monde n’est pas doué du même talent, et que le tag s’inscrit dans un espace à la lisière du public et du privé : autant on peut décrocher facilement un tableau, autant nettoyer un mur entier demande un investissement plus important.
Rebelle, artistique, ou simplement expression fugace, le tag est là pour rester. Et, au final, nos villes ne s’en trouvent pas plus mal : même si l’esthétique est parfois sujette à discussion, les graffitis témoignent de la vie qui s’écoule derrière les murs. Une communication du quotidien, en quelque sorte.